Décidément, ni la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV), ni les compagnies aériennes étrangères opérant en Tunisie ne comprennent comment les choses risquent-elles d’évoluer en matière de rémunération des agences de voyages. Depuis que Tunisair a décidé de reporter son alignement sur le Nouveau Modèle Economique (NME) à une date indéterminée, c’est le flou total qui marque cette situation d’impasse.

Dans le cadre du M.I.T 2008, Afif Kchouk, le commissaire général du salon, a organisé une conférence de presse autour du thème de la commission 1% qui ne voit toujours pas le jour dans nos murs et qui provoque jusqu’à maintenant une grande polémique. Ont pris part à cette conférence la FTAV, plusieurs compagnies étrangères et les agents de voyages. Et de souligner à l’unanimité l’inconfort qui marque cette situation. Ridha Baccar, le vice-président de la FTAV a expliqué la position de la fédération depuis le 1er avril dernier. En effet, à cette date là, la FTAV devait commencer à faire appliquer par ses adhérents les frais de service. Ce qui lui a coûté une comparution devant le Conseil de la Concurrence qui lui a interdit d’adopter une grille unique pour les différentes agences et que chaque agence est appelée à confectionner sa propre grille. Après cette décision du Conseil, les choses n’ont pas évolué non plus et l’application du NME bute encore entre Tunisair et le ministère du transport qui, visiblement, n’arrivent pas depuis des mois à accorder leurs violons quant à cette mesure. D’ailleurs, la FTAV a recouru au ministère du tourisme, le sollicitant pour une intervention auprès du département du transport en vue de faire bouger les choses. Mais à priori ce statu quo semble confortable pour certains.

A ce titre, le représentant d’Air Europa, a affirmé lors de cette conférence que Tunisair et paradoxalement, fait appliquer les frais de services au niveau de ses points de vente en Europe. Alors qu’en Tunisie, elle ne débloque pas la situation. Le motif, c’est l’intérêt du client qui va supporter ces frais supplémentaires. Or, Ridha Baccar, a expliqué que la grille des frais a été minutieusement préparée par la FTAV et la compagnie nationale. D’où l’étonnement quand on parle aujourd’hui du consommateur.

Le comble dans cette question c’est que Tunisair a refusé de prendre part à cette rencontre qui aurait permis pourtant d’éclaircir plusieurs points et de répondre aux questions des journalistes. Mais la compagnie nationale, au point où en sont les choses aujourd’hui, n’aurait peut-être rien à ajouter à tout ce qui se dit.

Afif Kchouk a révélé à ce titre des chiffres très révélateurs d’une situation on ne peut plus incompréhensible. En effet, 1.600.000 Tunisiens partent en voyage, dont seulement 25% choisissent l’avion, ce qui représente 4% de la population tunisienne.

A cet effet, toute cette polémique et ces reports successifs ne concernent que 4% des Tunisiens. Ce qui représente d’après Afif Kchouk, une tempête dans un verre d’eau.

L’avis des représentants des compagnies aériennes étrangères :
Lufthansa : « Nous sommes passés à la commission 1% à partir du 1er mai conformément aux instructions de notre siège qui s’aligne sur l’échelle internationale. On a eu des contacts avec des agences de voyages qui ne nous ont pas découragés. Car de toute façon, à l’étranger, la résistance des agences de voyages quant au NME a duré six mois et par la suite ils on fini par accepter ce régime. Pour notre part, nous envisageons de réinvestir l’argent du commissionnement dans un système d’encouragement des agences de voyages. Aussi, nous n’avons pas manifesté d’objection lorsque nous avons été informés de l’éventuelle application des frais de services par la FTAV à partir du 1er avril dernier, en les cumulant avec les 7%. Il est vrai aussi que la communication est très importante. »

Le représentant d’Air France : « Nous continuons de travailler avec le NME et si nous comptons apporter des changements, ce sera au niveau de la grille des frais. Depuis qu’on s’est aligné sur le NME, la clientèle affaires n’a pas manifesté de contestation. Par contre, la clientèle loisirs a migré vers Tunisair. Toutefois, nous avons atteint les résultats souhaités. »

Le représentant d’Alitalia : « Nous avons décidé de passer à la commission 1% à partir du 1er juin. Initialement, nous avons pris cette décision de s’aligner sur le NME avec Tunisair. Mais lorsque la compagnie nationale s’est rétractée, on a choisi de continuer quand même notre démarche. »

Le représentant d’Emirates : « Pour nous, ce n’est pas une question de décision mais de temps. Nous avons alors pris la décision de s’aligner sur le NME, mais nous ne savons pas toujours quand est-ce qu’on commencera à l’appliquer. En interne, nous sommes en train de discuter cette question et nous avons d’ailleurs décidé d’augmenter les tarifs pour contrecarrer la flambée spectaculaire et dramatique du prix du baril de pétrole. »

Le représentant d’Air Europa : « Pour notre cas, nous sommes à la fois partenaire d’Air France dans le cadre de Sky Team et partenaire de Tunisair. Ce qui complique notre situation. En 2007, tout augurait avec Tunisair d’appliquer le NME aux délais. Mais les reports se sont succédés. Pis encore, la compagnie nationale commence alors à brader les prix. Je me demande où est ce qu’on va aller ? »