A l'heure où les prix du baril de pétrole et des céréales pulvérisent d'un jour à l'autre tous les records ravivant les craintes de récession économique même dans la zone euro et la région outre-atlantique, la Tunisie mise plus que jamais sur le tourisme pour réaliser des taux de croissance supérieurs à 6% au cours des prochaines années.
Peu nanti en ressources naturelles, ce petit pays dont l'agriculture et l'industrie sont respectivement soumises aux aléas des conditions climatiques et de la conjoncture économique mondiale n' a plus désormais d'autres choix que de faire redécoller son tourisme perçu à juste titre comme un "matelas providentiel" capable d'éviter les zones de fortes turbulences. Loin des beaux discours, l'industrie touristique tunisienne n'est pas toutefois à l'abri des soubresauts de la conjoncture.
En plus des défis sécuritaires qui n'épargnent depuis quelques années aucun pays, le tourisme tunisien qui représente 6,5% du PIB et procure 380 mille emplois subit une rude concurrence exercée par des destinations proches. Il s'agit en particulier du Maroc, de 'Egypte et de la Turquie. Le ministre tunisien du tourisme, Khélil Laâjimi, l'a d'ailleurs reconnu sans ambages en déclarant que les concurrents de la Tunisie "se trouvent plutôt du côté sud de la Méditerranée" lors d'une conférence de presse tenue récemment en marge d'une visite du Secrétaire d’Etat français chargé de la consommation et du tourisme, Luc Chatel.
Suite à cette prise de conscience quant à un certain fléchissement d'un secteur clé de l'économie nationale qui se traduit par des baisses sensibles sur les marchés stratégiques, les pouvoirs publics n'ont pas croisé les bras. L'administration de tutelle est en effet en train de préparer une parade pour que la Tunisie, qui fut longtemps présentée comme étant un modèle à suivre, redevienne le maître de sa destinée et retrouve sa première place au podium à l'échelle de la rive sud de la Méditerranée aussi bien sur le plan quantitatif (entrées) que sur celui qualitatif (recettes en devises).
Outre l'élaboration d'une étude stratégique sur les perspectives du secteur à l'horizon de 2016, une politique qui s'inspire notamment de l'expérience marocaine des visions stratégiques, les autorités viennent d'intensifier leurs efforts en matière de promotion en parallèle avec le développement de produits valorisants de l'offre (golf, plaisance, bien-être, circuits écologiques...).
Preuve en est: une offensive de charme ciblant le marché allemand qui fut jusqu'à 2001, le principal émetteur de touristes vers la Tunisie avec plus d'un million de visiteurs par an, a été lancée par le ministère à l'occasion du plus important salon mondial du tourisme, l'ITB Berlin , pour remonter la pente. Des actions promotionnelles similaires sur d'autres marchés traditionnels ayant enregistré des signes d'essoufflement (Italie, Angleterre, Espagne) seront également lancées, assure-t-on au ministère.
La stratégie visant à rendre au secteur de tourisme son aura d'antan prévoit aussi l'accélération du rythme de la mise à niveau des unités hôtelières, de la formation et du contrôle qualité. Force est toutefois de constater qu'une démission des professionnels risque de rendre les efforts de l'administration de tutelle insuffisants. D'autant plus que le pari d'imposer une destination, qui demeure avant tout une affaire de gros sous, nécessite un travail collégial perceptible chez nos concurrents directs. Il suffit de regarder autour de nous pour comprendre que le succès n’est pas un fruit du hasard et que le temps de cette passivité regrettable des professionnels est révolu.