Slaheddine Bezrati, Directeur Général du Regency Tunis Hotel « Il y a beaucoup de miel… et beaucoup d’abeilles ! »
• Plusieurs enseignes hôtelières internationales de renom s’intéressent au Regency
Après le départ de Marriott, Le Renaissance Tunis se devait d’envisager sa nouvelle étape au lendemain d’une séparation qui semble douloureuse pour la plupart des observateurs du secteur hôtelier et touristique. Mais, l’équipe de l’hôtel qui est rebaptisé Regency Tunis Hotel, reste confiante et affirme que cette séparation ne change absolument rien aux engagements de l’établissement qui demeure à cheval sur ses acquis et sa réputation. L’hôtel qui a clôturé l’année 2007 avec un taux d’occupation de 56%, mise d’atteindre à la fin de 2008, un taux de 62%, voire plus. Au terme du 1er trimestre de cette année, le Regency aura gagné un écart positif de 10 points par rapport à l’année précédente. En même temps, le Chiffre d’Affaires de l’établissement a enregistré une montée en régime de 25% depuis le début de l’année jusqu’à ce jour de 2008.
Interview du DG du Regency Tunis Hotel
TourisMag : Si vous nous expliquiez les raisons de la séparation de votre hôtel du groupe Marriott
Slaheddine Bezrati : Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il s’agit bel et bien d’une séparation à l’amiable entre notre hôtel et le groupe Marriott, et qu’il s’agit d’une séparation mûrement réfléchie et justifiée. En effet, notre établissement a supporté, de longues années durant, des efforts et des sacrifices lourds aussi bien en termes financiers qu’en termes d’investissements. Nous sommes arrivés à un stade où on ne pourrait plus gérer un fardeau aussi pesant. Outre, ces raisons, nous demeurons convaincus que nous sommes désormais appelés à évoluer dans une conjoncture actuelle, nationale en l’occurrence, marquée par un esprit d’ouverture et d’expansion. A la veille de la réalisation de mégaprojets dans nos murs, la Tunisie d’une manière générale, et notre établissement hôtelier en particulier, sont convoités par des enseignes étrangères de grand renom. D’ailleurs, ce n’est pas un secret, notre équipe est à l’heure actuelle, engagée dans des négociations assez avancées avec un certain nombre de chaînes prestigieuses qui ont manifesté leur intérêt pour notre produit. Aussi, avons-nous atteint des limites de partenariat avec Marriott. Ce qui explique cette séparation. Et ce, dans la mesure, où cette coopération n’avait plus grand-chose à apporter. Cette stagnation a ainsi dicté la transition que nous plaçons sous un nouveau label 100% tunisien qui est le Regency Tunis Hotel.
TourisMag : Ce qui veut dire que vous annonceriez prochainement une nouvelle union ?
Slaheddine Bezrati : Sans entrer dans les détails, je peux vous affirmer que cette union est en train de se préparer et se décidera définitivement quand nous aurons finalisé avec l’une des enseignes avec lesquelles nous menons actuellement des négociations très poussées. D’ores et déjà, je peux dire que nous entamons une étape transitoire au cours de laquelle nous nous évertuerons à capitaliser sur nos acquis tout en restant animés par un esprit innovant à même d’aller plus loin et de voler plus haut.
TourisMag : Mais le départ de Marriott, qui demeure tout de même une enseigne prestigieuse, ne constitue-t-il pas une perte pour votre établissement et une séparation douloureuse?
Slaheddine Bezrati : A mon sens, quel que soit le prestige de cette enseigne, ce n’est pas Marriott qui a fait connaître notre hôtel mais c’est plutôt notre établissement qui lui a permis de se positionner sur l’Afrique. Cela étant, je pense que nous avons atteint un certain seuil de collaboration et qu’il est temps de passer à autre chose. Il y a d’autres chaînes qui s’intéressent à nous et l’heure de tourner cette page a sonné. (Avec le sourire) En d’autres termes, il y a beaucoup de miel et il y a autant d’abeilles !
TourisMag : Certes, vous avez évoqué des raisons inhérentes aux coûts de la franchise vis-à-vis de Marriott. Mais, les bruits qui couraient depuis un certain temps remettaient en question la qualité des prestations de services de l’hôtel. D’où ce départ de l’enseigne. Qu’en dîtes-vous ?
Slaheddine Bezrati : A vrai dire, moi personnellement je n’ai pas grand-chose à dire. En revanche, nos réalisations tout au long des années de franchise parlent d’elles-mêmes. En effet, l’ex Renaissance Tunis Hotel était classé l’année précédente le 4ème Renaissance à l’échelle mondiale parmi 250 établissements du même label. Pour preuve, notre hôtel n’a jamais cessé d’être une destination par excellence des producteurs des grands évènements et nous avons ainsi abrité plusieurs manifestations prestigieuses. D’ailleurs, nous sommes actuellement sur le point de préparer une autre opération de grande envergure que nous annoncerons au moment opportun.
TourisMag : A l’heure actuelle, quelles sont les priorités de Regency Tunis Hotel ?
Slaheddine Bezrati : Sans doute, nous entamons une transition que nous souhaitons la plus douce possible. Elle portera sur deux aspects majeurs. A un premier niveau, nous essayerons de réussir ce passage sur le plan technique et de marketing. Il s’agit là d’une transition interne qui s’effectuera avec le même staff. Car la question qui hante inévitablement les esprits au moment actuel : Marriott est parti et que vont-ils faire ?
TourisMag : D’après vous et d’une manière globale, quelles sont les lacunes de l’hôtellerie tunisienne ?
Slaheddine Bezrati : Je pense que le problème majeur de l’hôtellerie en Tunisie est essentiellement et étroitement lié à la qualité. Car, la qualité, pour qu’elle soit le plus irréprochable possible, a sans le moindre doute un coût. Et ce ne sont pas tous les hôtels qui peuvent mettre le paquet ! La plupart des investisseurs cherchent le gain facile. Pour mon cas, j’estime modestement que j’ai réussi à former une « dream team » que j’ai eu la chance par ailleurs de déboucher. Mais pour aller de l’avant et évoluer d’une manière régulière, il est incontournable aujourd’hui d’investir dans la formation continue du personnel pour arriver à travailler sur le long terme. Il est inadmissible actuellement de regarder seulement au bout de son nez. Il faut avoir l’énergie et la volonté de regarder loin et de se fixer des objectifs futurs qui permettent d’avoir une stratégie de travail ambitieuse et infaillible.