Image copyrights : Valéry Schollaert. Ornithologue, conservationniste, chercheur en écotourisme, cuisinier végétalien, conférencier.
Les centaines de milliers d’oiseaux qui viennent chaque année hiverner, nicher ou tout simplement effectuer une petite escale après des milliers de kilomètres de vol enrichissent le patrimoine avifaune propre à notre pays. Ce patrimoine fait le nid d’un tourisme de haut vol : le birdwatching.
Les birdwatchers sont eux-mêmes de drôles d’oiseaux avec leurs jumelles collées aux yeux, scrutant le ciel à l’affut de la moindre espèce volantes et avec leurs gilets d’aventuriers trainant leurs trépieds en bon soldat de la nature. Ce sont les birdwatchers, ou les observateurs d’oiseaux .Ils sont entre 3000 et 4000 à sillonner chaque année la Tunisie pour observer son paysage avifaune loin du farniente balnéaire et des chambres d’hôtels climatisées.
Sur les 8650 espèces d'oiseaux dans le monde, la Tunisie accueille plus de 380 espèces dont 141 endémiques. Alors que le nombre d'oiseaux est immense, et assez pour satisfaire n'importe quel observateur d'oiseaux, c'est surtout la quantité d'oiseaux rares à voir qui fait de la Tunisie une destination passionnante pour un passionné de birdwatching.
Et pour cause, l'oiseau le plus rapide du monde, le faucon pèlerin, vit dans les falaises rocheuses de la dorsale tunisienne. Le golfe de Gabès abrite à lui seul en hiver la moitié de l'effectif des oiseaux d'eau hivernant en Méditerranée, soit environ 350.000 individus entre échassiers, limicoles, canards et autres oiseaux d'eau. Aussi, le plus grand aigle d’Afrique est-il observable nulle par ailleurs qu’en Tunisie.
A la recherche de l’oiseau rare
Pour Aymen Louhichi, Directeur de Naturalworld une des rares agences de voyages actives sur ce créneau,
La Tunisie jouit d’un grand potentiel en matière de birdwatching mais ça reste à valoriser
Présent depuis 2007 sur le segment du marché du tourisme alternatif, NaturalWorld fait du birdwatching l’une de ses spécialités avec au menu des circuits bien ficelés pour observer le plus grand nombre d’oiseaux hiverneurs, nicheurs ou de passage en Tunisie.
Sur les 3000 à 4000 touristes qui visitent chaque année la Tunisie pour s’adonner à cette activité, les anglais s’adjugent la part du lion, suivis par les hollandais, les français, les italiens et les maltais. C’est une clientèle fortunée qui dispose d’un niveau de vie élevé. Un profil très différent du touriste conventionnel qui visite la Tunisie pour les autres formes de tourisme,
Pour Saifallah Hbabou, chargé du tourisme culturel au ministère du tourisme,
le birdwatching est un produit touristique assez développable .Même s’il ne peut pas concurrencer le tourisme conventionnel en terme de rentabilité, il peut jouer un rôle de locomotive pour donner une image dynamique du tourisme Tunisien .
D’autres pays en ont fait pourtant un produit d’appel. Le Maroc, l’Espagne, l’Italie, L'Afrique centrale et l'Afrique du Sud, et dernièrement la LIBYE ont pris conscience du potentiel de leur patrimoine avifaune.
Les ailes cassées du birdwatching
Malgré l’importance des attraits touristiques des parcs nationaux tunisiens, Le birdwatching peine pourtant à prendre encore son envol et reste l’apanage de quelques agenciers motivés au départ par un engagement pour la faune et la flore. Alors que la population cible constitué de birdwatchers tourne autour de 3 millions en Europe, le nombre de ceux qui choisissent la Tunisie reste embryonnaire contrairement au Maroc ou l’Espagne.
Pour arriver à booster l’activité du birdwatching en Tunisie, il faut arriver à concevoir un produit finalisé. Pour le moment c’est loin d’être le cas ,
analyse Dhafer ltaef de NORD- SUD voyages, spécialiste aussi de ce produit en Tunisie.
Pour Mourad Amari, président de l’association les amis des oiseaux (AAO)
le birdwatching peut constituer un moteur pour le tourisme tunisien. Cela peut avoir aussi un impact positif sur le paysage avifaune surtout au niveau de la protection des espèces du moment que les oiseaux deviennent une source de revenu pour l’Etat ou pour les populations locales .
Pour le moment les acteurs de ce créneau se plaignent essentiellement du manque d’un interlocuteur unique pour l’organisation des circuits, du manque de guides spécialisés et surtout d’encouragements de la part de l’Etat et des instituions de tutelle.
Comment réussir un circuit et respecter les délais quand l’autorisation du ministère de l’agriculture prend une quinzaine de jours
s’interroge Tarek Nefzi , directeur de l’agence Bécasse, pionnier et spécialiste du birdwatching en Tunisie .un avis partagé par M. Ltaef de l’agence Nordsud voyages qui travaille depuis un bon bout de temps sur des structures d’accueil de ce genre de touristes dans les parcs et réserves naturels pour optimiser l’expérience des birdwatchers .
Il fallait trouver une solution pour que le birdwatcher ne fasse plus 100 km entre le site d’observation et son hôtel.
Des difficultés tellement évidentes qu’on n’a pas besoin de jumelles pour les voir.
A bon entendeur!
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